La psychologie de l’argent pour l’investisseur selon Richard Thaler

L’investisseur est avant tout un être humain. En tant que tel, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte et peuvent agir sur ses décisions de placement. C’est ce qu’après maintes analyses Richard Thaler a qualifié de biais psychologiques. Ces biais définissent le comportement d’un investisseur. C’est ce qu’il a appelé la finance comportementale qui a été longuement été étudié par d’autres chercheurs aujourd’hui reconnus. Qu’est-ce qui englobe vraiment ce concept ? Le présent article vient à point nommé pour vous donner plus d’éclaircissements sur le sujet.

La finance comportementale : c’est quoi ?

La finance comportementale est une théorie qui étudie l’influence des comportements d’un investisseur sur le marché financier sur lequel il opère. Cette théorie s’efforce de déceler les différents facteurs qui entrent en jeu lors d’une prise de décision irrationnelle. La finance comportementale est cette théorie qui a vu le jour il y a une trentaine d’années. Son père fondateur est Richard Thaler qui s’est vu attribué un prix Nobel d’économie en 2017.

La théorie a toutefois été reconnue officiellement et pour la première fois en 2002 avec les distinctions de Daniel Kahnemann et Vernon Smith qui ont également reçu un prix Nobel d’économie. Cette théorie s’oppose à la théorie financière ordinaire et à l’efficience des marchés, en ce que cette dernière prône la prise de décision rationnelle par l’investisseur (investisseur rationnel).

Ci-après, une vidéo que je vous suggère de visionner pour mieux comprendre :

Quel est le but de la finance comportementale ?

L’objectif que poursuit cette discipline est de pouvoir expliquer les anomalies boursières en prenant en compte le côté mental de l’investisseur.  Ce côté mental de l’investisseur est défini par des Biais qui sont soit cognitifs, soit émotionnels.

Comment fonctionnent les différents biais psychologiques ?

Il existe comme énoncé ci-dessus, deux sortes de biais psychologiques. Les biais cognitifs ainsi que les biais émotionnels. Les biais cognitifs empêchent le raisonnement. Ils empêchent par exemple un investisseur à se débarrasser d’une action qui ne lui sera plus rentable. Ceci, compte tenu des fluctuations actuelles ou futures qu’enregistre le marché qui diffèrent de la conjoncture au moment de l’acquisition de cette action.

La justification est que l’investisseur a le sentiment de perdre plus d’argent. Les biais émotionnels quant à eux influencent le traitement des actions par les actionnaires. En effet, un investisseur sera plus attaché aux revenus qui proviennent d’une succession qu’aux revenus provenant d’un revenu d’activité. Le premier revenu cité étant symbolique pour ce dernier.

Quelques exemples de biais cognitifs et émotionnels ?

Pour ce qui est des biais cognitifs, vous avez entre autres :

  • Le biais rétrospectif : c’est le fait pour les actionnaires de se convaincre qu’ils détiennent des règles leur permettant d’anticiper l’avenir.
  • Le biais de confirmation : c’est le fait de se concentrer sur des jugements qui vont dans le sens de ses propres opinions tout en rejetant les idées contraires.
  • Les biais de disponibilité : ici, l’investisseur ne choisit que les informations facilement accessibles sans pour autant faire des recherches plus profondes. C’est le biais de la paresse.
  • L’ancrage mental : cela consiste pour l’investisseur à se fier uniquement à sa première impression. Son corollaire, le cadrage, consiste pour lui de ne voir qu’un aspect d’un problème.

En ce qui concerne les biais émotionnels, on peut énumérer :

  • L’excès de confiance : encore appelé le biais de sur réaction.  C’est le fait de surestimer ses capacités. L’investisseur sur réactif est dans l’illusion de contrôler le marché et il peut lui prendre de planifier des investissements, parfois à contre-temps.
  • L’effet de disposition : cela conduit l’investisseur à décider plus rapidement les positions gagnantes et perdantes.
  • L’instinct grégaire (herding behavior) : plus connu sous l’appellation comportement mimétique, il pousse les investisseurs qui en sont victimes d’être influencé par les émotions d’autres individus plutôt que par les leurs.
  • Le statu quo : c’est le biais qui entraîne le fait que l’actionnaire conserve les mêmes positions et refusé de s’ouvrir à d’autres opportunités de bourse.

Les travaux de Richard Thaler pour développer sa théorie

Afin de mieux cerner cette psychologie de l’argent, compris comme l’ensemble des comportements d’un investisseur, son collaborateur et lui ont mené une petite expérience. Ils ont dressé une liste de 30 actions chacun. Une liste de 30 actions ayant le plus performé et une autre de 30 actions ayant le plus chuté au NYSE (New York Stock Exchange). Ensuite, deux portefeuilles hypothétiques ont été créé et après une durée de 3 ans, l’un d’eux avait surperformé de plus de 20% et l’autre avait chuté de -5%.

Conformément à la théorie de l’efficience des marchés, c’est la catégorie d’action ayant le plus chuté au NYSE qui avait surperformé de 25%. Il a alors appelé ce phénomène, le biais de sur réaction. Richard Thaler, a joué un rôle crucial dans le développement de la finance comportementale. Il a fourni les bases conceptuelles et les fondements reposant sur ses expériences dans le domaine. En aidant à mieux cerner l’impact de la psychologie humaine dans l’analyse économique, il a inspiré plusieurs autres chercheurs.

Les économistes possèdent dorénavant un ensemble riche d’outils analytiques pour comprendre et prédire le comportement de l’homme. Ainsi, on pourrait éviter certaines erreurs en matière d’investissement. Les chercheurs qui l’ont succédé dans la discipline l’ont transformé en un courant reconnu via leurs théories. Ce domaine est aujourd’hui réputé valant le prix Nobel d’économie comportementale. C’est donc ainsi que Richard Thaler débuta ses travaux et évolua progressivement vers sa théorie de l’économie comportementale.

Quels sont les principaux concepts d’économie comportementale selon Richard Thaler pour surperformer le marché ?

Le but de cette étude est de tirer profit des connaissances actuelles les plus poussées en matière d’économie comportementale. Cela serait mieux que de subir les conséquences de cette théorie par ignorance. Pour étayer cela, Charlie Munger affirme : “j’en suis venu à analyser les traits psychologiques qui conduisent à l’erreur de jugement contre mon gré; je n’en voulais pas jusqu’à ce que je réalise qu’une telle attitude le coûtait beaucoup”.

Cette affirmation justifie donc l’importance de connaître les concepts déterminés par Richard Thaler. Leur méconnaissance occasionnerait dans vos placements des erreurs qui vous feront faire de mauvais placements et finir par perdre votre capital. Trois grands concepts permettent d’expliquer cette finance comportementale. Ce sont l’aversion à la perte, l’effet Dunning-Kruger et l’effet de dotation.

L’aversion à la perte

Elle se caractérise par un fait : nos réactions vis-à-vis du gain et de la perte ne sont pas proportionnelles. Autrement dit, nous éprouvons plus de douleurs quand nous perdons de l’argent que quand nous gagnons. Ce phénomène a entraîné l’évolution des perspectives que connaissent bien les négociateurs. Ceux-ci s’en servent au moment d’ancrages. On parle alors du point d’ancrage.

Le point d’ancrage

Il s’agit du point qui sert à matérialiser votre demande selon les négociateurs. En effet, il vous sera plus facile d’obtenir, par exemple, 2000 euros par an de plus à votre rémunération lorsque vous sollicitez une augmentation de 9500 euros. Cette approche est meilleure que celle où vous sollicitez directement une augmentation de 2000 euros. Le point d’ancrage est alors utile pour mieux négocier les actions sur les marchés. Richard Thaler pour nous permettre d’éviter les erreurs de perspectives sur le marché, nous enseigne également le cadrage hédonique.

Le cadrage hédonique

Pour mieux l’expliquer, l’auteur a mis en place deux groupes. Chaque membre du 1er groupe a reçu un paiement de 30 dollars. Ils doivent alors jouer au jeu pile ou face pour, soit gagner 9 dollars de plus en cas de victoire, soit rembourser 9 dollars des 30 initialement reçus en cas d’échec. Pour le 2nd groupe, les consignes n’ont pas été les mêmes. Ici, ils ont reçu les 30 dollars mais avec pour consigne de jouer à pile ou face et gagner soit 39 dollars en cas de victoire, soit 21 dollars en cas d’échec.

Le résultat est que 70% des membres du premier groupe ont choisi la première option. 57% du second groupe ont par contre choisi l’option 2, qui leur a été proposée. De cette expérience, la leçon suivante est tirée. La valeur que nous accordons à l’argent dépend de notre interprétation de la situation devant laquelle nous sommes. Et cette interprétation peut porter préjudice à nos investissements. D’où le comportement financier dont parle cet article et la notion du cadrage hédonique.

Richard Thaler indique alors la méthode qui permet d’échapper aux défauts de la subjectivité du cadrage hédonique. Elle consiste à maximiser la quantité d’unitaire positif en pensant à chacun des dividendes reçus au lieu de penser à leur totalité. Inversement, dans le cas où vous avez le choix entre une grosse perte et une petite perte, vous devez privilégier la grosse perte. Cela, parce qu’une seule grande perte diminuera votre aversion à la perte.

Une autre solution a été indiquée par l’auteur pour éviter la subjectivité du cadrage hédonique. Elle consiste à choisir la méthode d’investissement en bourse qui offre les meilleurs rendements. Ici, la condition est que l’investisseur doit être focalisé. Autrement dit, l’investisseur doit avoir un portefeuille assez peu diversifié (moins de 15 actions avec un taux de rotation supérieur à 5 ans). Soit une période de possession moyenne supérieure à 5 ans pour chaque action. Ce comportement diminue l’impact des émotions sur la gestion du portefeuille et y apporte une bien meilleure rentabilité.

L’effet Dunning-Kruger

Cette théorie a été mis en lumière en 1999 par les deux auteurs dont elle porte le nom, David Dunning et Justin Kruger, deux psychologues américains. Cet effet Dunning-Kruger montre la véracité des propos de Charles Darwin à propos de l’origine de l’homme. Ce dernier affirme que l’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que ne le fait la connaissance”. Pour expliquer cette position, sachez qu’un homme suit, selon une courbe, trois étapes conformément à l’étude de Darwin. En effet, premièrement, l’homme grimpe la montagne de l’ignorance où il croit qu’il sait.

Deuxièmement, il glisse dans la vallée de l’humilité en acceptant le fait qu’il ne sait que peu de choses.  Troisièmement et enfin, il commence une lente et progressive ascension vers la maîtrise d’un sujet qu’il ne connaîtra jamais intégralement. L’auteur recommande donc de continuer d’apprendre, de faire croître nos connaissances. Cela, afin de faire croître notre patrimoine à long terme. L’effet Dunning-Kruger conseille donc d’éviter l’excès de confiance surtout dans le domaine de l’investissement.

L’effet de dotation

L’excès de confiance entraîne souvent une incapacité de se défaire d’une ligne perdante. C’est ce qui est expliqué dans la partie des quelques biais psychologiques émotionnels. Cette incapacité de justifie par le fait qu’on a tendance à surestimer à tort la valeur de ce que l’on possède et inversement (on sous-estime la valeur de ce que l’on n’a pas). Ce phénomène a été mis en lumière par un autre collègue de Richard Thaler pour illustrer cela. Il s’agit de Daniel Kahnemann qui pour ce faire, a formé deux groupes. Chaque membre du premier groupe s’est vu donner une tasse de café.

Il leur a ensuite demandé combien seraient-ils prêts à vendre celle-ci. Les sujets possédant la tasse l’estiment à 5,25 dollars et ne descendraient pas en dessous de ce prix. Le second groupe par contre ne s’est pas vu confié de tasse de café. Mais il leur a été demandé de dire combien ils seraient prêts à débourser pour acquérir ladite tasse. Ces derniers l’ont alors estimé à 2,75 dollars pour l’obtenir.

L’effet de dotation implique alors que vous devez être capable de prendre des décisions cruciales et difficiles en votre qualité d’investisseur. Il est recommandé de se focaliser sur nos entreprises phares à long terme et de couper les lignes qui ne méritent pas l’apport de nos capitaux à leur capital. Ainsi, vous évitez que le biais psychologique d’excès de confiance vous nuise contre votre volonté.

Vous aimeriez aussi lire : Le Piotroski F-score : Outil d’un investisseur intelligent en bourse

Quelques conseils pour faire face aux répercussions des Biais psychologiques

Sachez que les Biais psychologiques peuvent vous ronger. Afin de palier cela, il est important que vous apparteniez à une communauté. Comme cela, vous pourrez échanger profondément. Cette communauté doit vous permettre de partager des informations ou des avis et vous entraider autour d’une seule et même vision. Celle d’un patrimoine fructueux et sur le long terme. Viser le long terme est toujours important en matière d’investissement.

Approfondir le milieu de la finance avec ces articles :